J’ai l’air de faire la tirade du regard au sourire masqué, absent ou soutenu des passants de la rue, mais il n’en demeure pas moins que ce que nous vivons tous, cette pandémie planétaire, à quelques degrés de mesure d’intensité différente, nous permet de se révéler à nous-mêmes. Les enseignant.e.s, les infirmier.e.s, les préposé.e.s, les commis d’épicerie, les facteur.trice.s, les médecins, et j’en passe, tous ceux et celles que papa Legault a longtemps surnommés les «anges gardiens» qui n’ont pas arrêté depuis le vendredi 13 mars dernier, qu’ils attendent encore les vacances de la construction pour prendre un p’tit break de rien, qui voudraient b’en pas s’en foutre de l’Halloween ou de Noël, mais y’ont pas l’temps d’chialer comme nous’z’autres parce qu’ils en ont plein l’masque des patients à brancher sur les machines respiratoires, les hospitalisations, les tests; les enfants en classe plus anxieux que jamais, qui ont six mois de retard dans leurs apprentissages pis qu’il faudrait tous les mettre au même niveau avant les Fêtes; les désinfectants pour les mains, la papier cul, la farine, le fromage bleu (!?) qu’il faut perpétuellement remettre sur les tablettes, recommander, refaire le facing, aviser le client d’une rupture de stock; les vieux dans les CHSLD à laver, rassurer, accompagner, changer les draps du lit de leur mort; tous ces «anges gardiens» quant à eux, n’ont probablement pas eu assez de temps pour se voir autrement que ce qu’ils ou elles ont toujours été à travers ce qu’ils ou elles faisaient depuis le début de leur carrière. Mais les autres comme moi, ou peut-être comme vous, les suspendus dociles de leur vie, t’sais les petits fantoches agités par les fils de l’incertitude de ce qui nous sera ou ne nous sera pas permis de vivre, de faire, d’être demain, manipulés par un ventriloque intérieur qui répète sans cesse ça va bien aller, ça va être toffe, mais on va passer à travers, b’en nous’z’autres, on a le temps de se révéler à nous-mêmes.
Tiens… On dévoile demain?… On va rire…
Nous « autres » pis eux « autres »…
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C’est deux mondes en ce moment, un deux dans un qui pourrait être pas mal pire si on ne trouve pas la force de rester patients!!!! Calmes et doux….
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